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22/09/2013

L'entretien du pape François aux revues jésuites : allégresse chez les "Chrétiens indignés"

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Membre de cette jeune fraternité, Anne Josnin exprime son bonheur devant les propos de "l'évêque de Rome" :

  


<<  Cette interview de notre pape François nous rejoint particulièrement, nous chrétiens indignés, dans notre cheminement. Elle vient comme un renouvellement de notre premier appel (sur ce blog*) depuis notre quotidien de pécheur, de pécheresse ; et comme une confirmation de nos intuitions premières, gravées bien maladroitement sans doute, mais avec ferveur, dans notre charte. C’est pourquoi je suis profondément bouleversée ! Nous voir ainsi rejoints au cœur de nos blessures, dans notre expérience de libération du moralisme desséchant de "veille fille", de "vieux gars", qui a coupé notre monde du Christ, pour laisser enfin parler notre cœur en désir de se donner à tous nos frères, et plus particulièrement ceux des marges et des frontières : comme c’est fort, comme c’est bon !

Cette joyeuse pagaille que nous expérimentons chacun, d’abord au cœur de nos vies où la Providence espiègle prend un malin plaisir à détricoter les mailles de nos pesantes armures pour nous mener en vulnérabilité radicale (vertiges assurés), ô ivresse de la confiance en déraison d’amour! Plus notre ambition porte loin, et plus nos moyens se doivent d’être dérisoires aux yeux du monde, pour laisser toute la place au jeu de la Providence : et que tous, à commencer par nous, soyons définitivement convaincus de notre rôle de "serviteurs inutiles". A l’école de saint Ignace, à l’école de saint Maximilien Kolbe aussi, le franciscain le plus jésuite, (qui avait trouvé moyen d’absolutiser la maxime des Jésuites : ad majorem Dei Gloriam).

Oeuvrer à garder pure une doctrine sous cloche ? Non, mais travailler notre cœur jusqu’à la déchirure, qu’il se laisse blesser par les cris de mon frère en souffrance, qu’il cherche à le rejoindre, et d’abord dans le choix de la vie la plus simple : afin d’ôter tout ce qui fait obstacle entre lui et moi. Il n’est de vertu qu’oublieuse d’elle-même, que de décentrement de soi et de dépassement de ses peurs pour aller avec une audace folle aux frontières. Et si je me perds en chemin ? Avoir la foi c’est croire que Dieu sera aussi dans la houle vivifiante du grand large, et la tempête aussi où la boussole s’affole, pas seulement dans le clapotis nauséeux du port d’où nous regardons effrayés les naufrages de nos contemporains qui cherchent leur chemin. Il n’est de vertu que follement audacieuse, parce qu’il n’est de vertu que d’Espérance. Voilà que notre pape lui-même nous montre le chemin en pratiquant tout cela avec un naturel qui désarme les puissances de ce monde !

Depuis nos lieux de vie, la Providence nous fait rencontrer ces contemporains aux marges de notre société totalitaire : ces apôtres laïcs de la décroissance, ces héros à l’odyssée méconnue que sont les migrants, ces champions de la survie que sont les gens de la rue, ces bâtisseurs de la société de demain que sont les communautés Emmaüs, les AMAP, et autres communautés innovantes, joyeux patchworks de gueules cassées, canards boiteux , vieux utopistes et jeunes couples fous d’amour. Oui : ce à quoi nous invite notre pape, cet apprentissage in vivo, pas en laboratoire !, la Providence nous y pousse depuis notre oui de pauvres pécheurs à ce projet dont nous ignorons tout, si ce n’est l’aujourd’hui.

Et, oui, tout cela est très concret. Mystère d’Incarnation à découvrir dans la chair de nos humbles quotidiens. Dans l’épaisseur du temps et l’alternance des saisons, des semailles et du lent travail de germination, au secret de l’humus de nos vies. Là, dans ce jardin partagé au cœur de Paris. Dans ce partage informe, oiseux en apparence, de nos lectures enthousiastes ou de nos observations amoureuses de la faune et de la flore depuis nos balcons ou nos parcs naturels. Dans la prière commune qui se veut aussi remémoration-action de grâce de nos histoires saintes, et les appels à l’aide aussi. Et puis l’expérience de nos faiblesses, de nos limites, et la découverte que nos limites sont ces lieux où se déploie l’infini du projet de Dieu. Que c’est précisément pour cela qu’il nous choisit : pour l’étroitesse du contenant.

Enfin nous faisons l’expérience, et on nous le reproche souvent, en ce monde où tous s’affolent devant ces pans de civilisation qui s’effondrent avec fracas les uns après les autres, de l’urgence de prendre notre temps. Que font les "chrétiens indignés" ? Et si l’urgent était d’abord de se laisser faire ? De travailler à la mise à disposition de soi ? A être totalement donné à l’instant présent ? Ce qui permet aussi la détente immédiate, la réaction ajustée le moment venu. Nous tenir prêts.  Parce que notre pape François ouvre la voie à une alternative concrète au libéralisme, avec la libération chrétienne ; à la société de consommation, avec la société de la compassion, société où notre trésor n’est pas dans le CAC 40 mais dans notre frère, le pauvre, le petit... Oui pour ce monde en gestation au cœur de nos sociétés en crise, nous nous voulons toujours davantage disponibles.

                                                                  Anne Josnin   >>

 

 

*  cf. aussi Pèlerin, 2012 :

<< Le mouvement social les Chrétiens indignés est né à la suite de commentaires d'internautes publiés sur le blog Un bloc-notes de journaliste chrétien, créé en 2005 par de Patrice de Plunkett.  "Impressionné par la qualité des échanges", l'un d'entre eux propose une rencontre à Paris, en juin dernier. Cadres supérieurs, travailleurs sociaux, étudiants ou militants de la "décroissance", âgés de 25 à 40 ans, ces catholiques pratiquants se disent inspirés par la doctrine sociale de l'Église.  De leur réflexion est né le Manifeste des Chrétiens indignés, publié en novembre (disponible sur leur page Facebook). Près de 300 personnes ont signé cet appel à une "sobriété joyeuse" qui rejette le libéralisme économique.  "Pour être visibles », ils se nomment Chrétiens indignés en référence au mouvement mondial de protestation né en 2010... Comme les jeunes précaires qui campent dans les grandes capitales, ils récusent le système économique.  Toutefois pour les Chrétiens indignés, la crise est plus large : elle touche aussi les valeurs et la spiritualité. Leur solution : vivre la foi plus intensément et changer les comportements de consommation.  Pour l'heure, leur militantisme s'exprime dans les gestes quotidiens.... Limiter les déplacements en avion, préférer le covoiturage, rejoindre une association pour le maintien d'une agriculture paysanne (AMAP)... A chaque chrétien indigné de choisir comment il peut agir pour l'écologie et la justice sociale, en fonction de ses impératifs professionnels et familiaux. "Nous ne voulons pas transformer la société par la contrainte, explique François-Xavier, 31 ans, cadre dans la métallurgie et l'un des rédacteurs du Manifeste. Tout l'enjeu est de rester authentique." 

Document : les voeux 2012 des "chrétiens indignés" 

Chers amis,

Nous vous souhaitons une belle et authentique année 2012. Qu’elle soit pour nous une année de conversion, où chacun prenne au sérieux sa vocation de baptisé. Vivre en baptisé, c’est s’identifier au Christ et c’est vouloir rejoindre tous les hommes en voulant s’identifier au modèle par excellence d’humanité qu’est Jésus.

Chrétiens indignés, oui ! Parce que nous tendons à nous identifier à l’humanité souffrante, nous refusons l’ordre libéral dont les principes aboutissent nécessairement, comme l’époque en témoigne, à l’éclatement social, à l’indifférence morale, au rejet de l’autre et à l’effondrement spirituel. Misère morale, matérielle ou sociale, voilà l’objet de notre indignation.

En 2012, nous parlerons, nous dénoncerons, nous proposerons, nous agirons. Il y a deux mesures dans l’homme : celle qu’il offre, minuscule, et celle qu’il reçoit des mains de son Sauveur. Celle-là est colossale. C’est en elle que nous plaçons notre espérance. 

Notre mouvement s’ancre dans la prière. Tous les vendredis soir, nous prions pour notre groupe et nous faisons nôtre la prière du Cardinal Verdier, archevêque de Paris dans les années trente :

« Ô Esprit Saint, Amour du Père et du Fils, Inspirez-moi toujours Ce que je dois penser, Ce que je dois dire, Comment je dois le dire, Ce que dois écrire, Comment je dois agir, Ce que je dois faire Pour procurer votre gloire, Le bien des âmes, Et ma propre sanctification. Ô Jésus toute ma confiance est en vous. »

Nous confions également notre mouvement naissant à l'intercession de saint François d'Assise.  >>


 

Commentaires

PARTAGE

> je partage l'enthousiasme d'Anne Josnin.
______

Écrit par : Nati / | 22/09/2013

QUESTION

> "Caritas in veritate" ne vous avait donc pas enthousiasmée? Moi, si!
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Écrit par : mcm / | 22/09/2013

à Anne

> Merci Anne pour votre appréciation si juste. Comment entrer en contact avec vous ?
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Écrit par : Pierre Huet / | 22/09/2013

LE SITE DES CHRETIENS INDIGNES

> Grand merci à Anne Josnin pour cette appréciation si juste de l'interview du pape François.
Message à Anne (et à PP) : le site "Chrétiensindignonsnous" est inaccessible car, au dire du moteur de recherche le plus utilisé, "infesté de logiciels malveillants". Merci de faire remonter cette info au responsable de ce site.
Pierre

[ PP à Pierre - Le site des C.I. a eu un problème technique (contamination par un autre site). Il est en voie de restructuration, ont communiqué ses animateurs. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Pierre / | 23/09/2013

CHANTIER

> Un bémol sérieux à propos de "Caritas in veritate" : dans l'art. 14 Benoît XVI dénonçait, symétriquement aux idéologies technocratiques, les « idéologies qui nient in toto l’utilité même du développement, qu’elles considèrent comme foncièrement antihumain et exclusivement facteur de dégradation. » Et il précisait : « L’idée d’un monde sans développement traduit une défiance à l’égard de l’homme et de Dieu. » Même s'il ne prononce pas le mot de décroissance et s'il s'en fait une conception erronée, c'est bien d'elle qu'il s'agit. Aucun autre courant de pensée ne propose de critique raisonnée du développement et de la croissance.

Blaise


[ PP à Blaise- La notion de développement est contradictoire, et les papes ne l'emploient pas dans le même sens que les productivistes.
Par ailleurs, dans la même encyclique et dans de nombreux textes de Benoit XVI, vous trouvez des condamnations sans équivoque de l'idéologie de l'illimité et de la surexploitation !
Rome (jusqu'ici) ne changeait pas vite ses énoncés, et les documents récents des évêques français ('Grandir dans la crise', 'Enjeux et défis écologiques') sont parfois plus précis. Mais ne vous inquiétez pas. Les contradictions subsistantes seront réduites, selon le principe de réalité toujours suivi par la DSE ! Chantier en cours... ]

réponse au commentaire

Écrit par : Blaise / | 23/09/2013

@ Pierre :

> en attendant la remise en ligne de notre site sur une nouvelle adresse (Google ne voulant pas revenir sur son black-listage malgré la résolution des problèmes techniques), vous pourrez toujours échanger avec les Chrétiens Indignés sur ce blog ou sur http://dialogueabraham.forum-pro.fr/f17-salon-chretiens-indignes
______

Écrit par : Ren' / | 23/09/2013

LE SITE DES 'CHRETIENS INDIGNéS'

> Pour compléter la réponse de PP à Pierre, le site des Chrétiens indignés aura une nouvelle adresse qui sera communiquée dès la remise en service de ce dernier. Le contenu et l'habillage du site resteront inchangés. Je ne suis pas administrateur du site mais je sais que nous aurons la joie de le retrouver assez rapidement...
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Écrit par : Arnaud Le Bour / | 23/09/2013

UNESCO

> L'Unesco s'est enferrée dans des contradictions similaires à celles du Saint-Siège. Dans la belle Déclaration de 2001 sur la diversité culturelle, on peut lire à l'article 3 : « La diversité culturelle élargit les possibilités de choix offertes à chacun; elle est l'une des sources du développement, entendu non seulement en termes de croissance économique, mais aussi comme moyen d'accéder à une existence intellectuelle, affective, morale et spirituelle satisfaisante. »
______

Écrit par : Blaise / | 23/09/2013

A mcm:

> oh que si! La joie ne vas pas en se divisant, mais en se multipliant. Jean-Paul II, Benoît XVI, François: nous sommes les enfants gâtés de l'histoire de l'Eglise.
A Pierre Huet: mais vous savez déjà, cher Pierre, Non?
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Écrit par : Anne Josnin / | 23/09/2013

Oui Anne ,

> et dans la continuité de ses merveilleux prédécesseurs notre Pape François nous emmène encore plus loin du grand large ... où l'on peut même revisiter des endroits que l'on croyait connaître ! Même au ras de la barque , voire derrière elle ! Laissons nous faire , prenons le temps d'admirer le paysage , Il est aux commandes , et comme dit PP à GdP , "ne boudons pas notre plaisir" , merci Nanouche tu es en pleine forme !
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Écrit par : escargolibri : | 24/09/2013

RIEN COMPRIS

> hélas, voici un exemple de média qui n'a RIEN compris :

http://www.lepoint.fr/sondages/

On ne peut cocher aucune des cases car aucune n'est juste et toutes sont caricaturales : on amène le votant à ce qu'il doit voter.

Alors évidemment les votes sont à l'avenant.
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Écrit par : E Levavasseur / | 24/09/2013

Eric L :

> Mais voyons, il faut voter pour le moins pire ! ;)
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Écrit par : PMalo / | 24/09/2013

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